
En octobre 2020 je rendais une dernière visite au squat du collège Maurice Scève. Extrait de l'article publié par le Petit Bulletin le 21/10/2020 :
Dernière visite avant expulsion
"Après deux ans d’occupation de l’ancien collège Maurice-Scève, la Métropole et la Préfecture organisent l’évacuation des lieux et le relogement d’une partie des habitants. Entre soulagement et inquiétude, le collectif de soutien aux jeunes s’organise sans savoir quand ils devront partir ni où ils iront."

« Y'a rien de propre et on ne sait pas quand on va devoir partir. » En ce mardi 13 octobre, les inquiétudes des habitants du collège Maurice-Scève sont immenses. Après deux ans d'occupation du lieu, ils vont devoir partir. Pour aller où ? Dans des logements temporaires trouvés par la Métropole et la Préfecture pour certains, dans un squat et dans la rue pour d'autres. Quand ? Pas de date précise, mais bientôt.

L'évacuation demandée par la Métropole, coordonnée par la Préfecture, aura bien lieu avant le début de la trêve hivernale. Pour les membres du collectif Collège Sans Frontières Maurice-Scève, composé essentiellement d'habitants du quartier, l'évacuation est un soulagement, mais aussi une source d'inquiétudes notamment pour Sébastien, prof de maths à la tête du collectif : « on ne sait pas quand et dans quelles conditions aura lieu l'expulsion et si tout le monde sera relogé, c'est une grande source de stress pour eux. » Eux, ce sont 311 jeunes hommes originaires de pays d'Afrique de l'Ouest, dont 60 sont en attente de reconnaissance de leur minorité par l'État.


Là malgré nous
Le collectif demande depuis le début de sa création en octobre 2018 des solutions de relogement qui permettraient à ces jeunes d'échapper à des conditions de vie insalubres. Grande promiscuité, santé physique et mentale fragiles, absence d'eau chaude et de chauffage, punaises de lit et rats accompagnent un quotidien ennuyeux. Le temps ici est long. Suspendu aux espoirs de chacun de pouvoir enfin avoir le droit à une existence décente.


« On est là malgré nous » rappelle David, un jeune Guinéen de trente ans arrivé à l'ouverture du squat en septembre 2018. Il a connu Jasmin, l'ouvreur de squat qui avait repéré le lieu à la fin de l'été. Sa volonté était de mettre à l'abri des jeunes adultes et mineurs qui dormaient sur des matelas de fortune dans les jardins de la Montée de la Grande-Côte. La Métropole et la Préfecture disaient ne pas pouvoir les loger, alors un collectif de soutien aux jeunes appuyé par la Coordination Urgence Migrants a trouvé de l'aide auprès de cet ouvreur, qui force seulement les bâtiments publics.


